5 mesures prises par les enseignes et les marques pour une alimentation durable

Camille Basso
Camille Basso
January 23, 2024
10 min
5 mesures prises par les enseignes et les marques pour une alimentation durable
SOMMAIRE

Le 2 août 2023 était le Jour du Dépassement, soit la date à laquelle l’humanité avait consommé toutes les ressources que notre planète peut régénérer en une année. Sujet brûlant d’actualité, l’écologie compte désormais parmi les principales préoccupations des entreprises. C’est pourquoi, au début de l’année, le Réseau Action Climat a évalué les enseignes alimentaires françaises1, en fonction de leur capacité à proposer une alimentation durable aux consommateurs. Malheureusement, aucune d’entre elles n’a dépassé la moyenne. De même, l’enquête annuelle menée par LSA et Univers Retail révèle que 55% des Français estiment que les entreprises de la grande distribution ne s’engagent pas assez sur le plan environnemental2. Pourtant, les acteurs de l’agroalimentaire -enseignes et marques- se mobilisent depuis plusieurs années pour permettre à leurs clients de privilégier une alimentation plus respectueuse de l’environnement.

1 - Quelle place est donnée au local et au végétal ?

Afin de favoriser une alimentation durable, les enseignes promeuvent de plus en plus des produits ayant un impact réduit sur l’environnement. Parmi ceux-ci, plusieurs entreprises privilégient notamment les aliments en circuit court ou “locaux”. En magasin et sur les drive, les consommateurs trouvent désormais des encarts “Meilleur du local”, “Produits régionaux et locaux” ou encore “Produit du monde et de nos régions”. De plus, certaines enseignes comme Leclerc et Carrefour mettent en avant les produits locaux depuis plusieurs années, avec des marques de distributeur telles que “Nos régions ont du talent”3 et “Reflets de France”4

D’autre part, les enseignes alimentaires mettent désormais en avant les alternatives végétales pour encourager leurs clients à consommer moins de produits issus de l’exploitation animale. Plusieurs d’entre elles ont notamment créé leurs propres gammes de produits végétaux, comme Carrefour Veggie chez le distributeur du même nom, NAT&Vie chez Leclerc et Vegan Deli chez Monoprix. De même, de nombreuses marques proposant des produits végétaux se développent en France et prennent peu à peu leur place auprès des enseignes5. Selon un récent rapport de Bloomberg Intelligence, ce marché devrait d’ailleurs atteindre les 24,8 milliards de dollars à travers le monde d’ici 20306. Pour l’environnement, les alternatives végétales ou simili-carnées sont hautement bénéfiques. En effet, on estime par exemple qu’un kilogramme de viande végétale nécessite 2,8 fois moins d’eau et génère 12 fois moins de CO2 qu’un kilogramme de viande animale7.

Produits végétaux Vegan Deli, NaT&Vie et Carrefour Veggie

2 - Comment prioriser un approvisionnement responsable ?

Valoriser des produits locaux ou végétaux ne suffit pas à assurer une alimentation durable. En effet, seules “13,5% des émissions de gaz à effet de serre de l’alimentation des Français sont imputables au transport des denrées” d’après Réseau Action Climat8. De fait, les enseignes et les marques s’engagent également à adopter des initiatives plus responsables au niveau de l’approvisionnement. Sur leurs sites internet, elles partagent leurs engagements à ce sujet.

Une agriculture durable

Plusieurs entreprises se tournent désormais vers une agriculture plus soucieuse de l’environnement. C’est notamment le cas de Système U, qui favorise “une agriculture écologiquement intensive”, et de Carrefour qui accompagne ses producteurs partenaires vers l’agroécologie pour préserver la biodiversité. De son côté, Leclerc assure le label HVE (Haute Valeur Environnementale) sur ses MDD et sélectionne “des produits provenant d'exploitations qui intègrent un plus grand respect de la biodiversité et des ressources naturelles”. De même, Intermarché lutte contre la déforestation et privilégie un approvisionnement “non issu de zones ayant été déforestées et/ou converties”.  

Une pêche soucieuse de la biodiversité

La surconsommation de poisson étant l’un des principaux fléaux pour les espaces marins, les acteurs de la grande distribution s’engagent également pour une pêche plus responsable. L’enseigne Carrefour assure par exemple que “100% [de leurs rayons poissonnerie] sont certifiés responsables par le système MSC pêche durable et ASC aquaculture responsable”. De même, Leclerc dresse, en partenariat avec Earthworm Foundation, une liste “des espèces et zones de pêche proscrites, dont la commercialisation est interdite à la vente dans nos magasins”. 

Un respect du bien-être animal

Si la pêche est un sujet de préoccupation pour les enseignes, nombre d’entre elles se soucient, plus généralement, du bien-être animal. Ainsi, la marque du distributeur Leclerc, “Marque Repère”, ne comprend que des œufs “issus de poules élevées hors cage”. De la même manière, Système U impose à ses producteurs un “cahier des charges exigeant en faveur des animaux (suppression des traitements antibiotiques, alimentation sans OGM...)”. La plupart des autres enseignes comme Carrefour ou Intermarché adoptent également des mesures pour privilégier le bien-être animal. 

Un transport plus “vert”

La production est un élément clef de l’approvisionnement des enseignes, mais le transport et la logistique sont tout aussi fondamentaux. C’est pourquoi les enseignes de la grande distribution s’engagent également à se doter de véhicules moins polluants. Depuis 2019, Carrefour favorise notamment les camions roulant au biométhane. “Baisse des émissions de CO2, suppression des particules fines, limitation des nuisances sonores : les atouts de ces véhicules sont nombreux, selon l'entreprise”, expliquait Le Parisien9. A l’avenant, le Groupement Les Mousquetaires -dont fait partie Intermarché, s’est équipé de “moteurs au gaz naturel liquéfié pour ses semi-remorques” et d’une “flotte de camions roulant au biogaz à Paris”.

Source : Système U, engagement pour le bien-être animal

3 - Quelles sont les initiatives pour éviter les matériaux non recyclables ou à usage unique ?

En grande distribution, les matériaux non recyclables ou à usage unique ont longtemps été privilégiés par les entreprises (emballages, prospectus papiers, etc). Cependant, la plupart d’entre eux sont peu respectueux de notre environnement. La fabrication du plastique d’emballage, par exemple, génère 1 870 kilos par tonne d’équivalent en CO2 et son incinération génère 2 384 kilos par tonne d’équivalent en CO210.

C’est pourquoi les enseignes et marques adoptent peu à peu des solutions plus respectueuses de l’environnement pour les remplacer. Cora, Leclerc, Intermarché, Carrefour et Auchan11, ont notamment réduit ou entièrement supprimé leurs prospectus en papier depuis le début de l’année. Au niveau des emballages, les distributeurs ont également choisi d’opter pour des alternatives durables. Si les sacs en plastique jetables ont été interdits en France depuis 201712, les enseignes en ont profité pour développer leurs rayons de produits en vrac et proposer aux consommateurs d’utiliser leurs propres contenants. 

Du côté des marques alimentaires, la lutte contre les emballages à usage unique ou non recyclables a commencé depuis longtemps. Toutefois, certaines initiatives se démarquent particulièrement des autres. C’est par exemple le cas de Nespresso France, la première filiale du groupe -avec la Suisse- à lancer des dosettes en pulpe de papier compostable13. De la même manière, le géant Coca-Cola France vise 100% de bouteilles en plastique recyclé d’ici 2030, grâce à son partenariat avec Plastipak14. En plus d’être bénéfiques pour l’environnement, ces mesures répondent aux nouvelles attentes des consommateurs. En effet, 83% des Français se déclarent soucieux de l’environnement, selon une enquête d’Eviosys. Aussi, 59% d’entre eux se disent prêts à payer plus cher pour des emballages plus durables15.

Enfin, les acteurs de la grande distribution promeuvent de plus en plus le vrac, qui évite le suremballage et l’usage de plastiques à usage unique. D’ici 2030, la loi AGEC prévoit qu’il représentera au moins 20% des surfaces de vente pour tous les commerces d’au moins 400m2. S’il représente un défi pour certaines entreprises, en marge de l’inflation et d’une chute des volumes de ventes, d’autres ont déjà accordé une grande importance au vrac dans leurs magasins. C’est notamment le cas de Carrefour, pour qui le vrac représente déjà 14% des surfaces de ventes16

4 - En quoi les magasins peuvent également participer à la transition écologique ?

De l’aliment à son emballage, en passant par sa promotion, les acteurs de l’alimentation se mobilisent pour une consommation plus responsable. Néanmoins, ils doivent également se préoccuper de l’impact environnemental des magasins et des solutions pour le réduire. 

Des alternatives moins énergivores

L’une des premières préoccupations des entreprises porte sur l’éclairage des points de vente, qui tend à être de moins en moins énergivore. Les enseignes Intermarché et Carrefour ont, par exemple, choisi de s’équiper en leds et en système de gestion de l’éclairage connecté, afin de réduire de près de 75% la consommation d’énergie de certains de leurs magasins et centres commerciaux17. De la même manière, ils s’engagent auprès d’autres acteurs de la grande distribution pour réduire leur consommation d’eau18.

Des collaborations avec les experts du domaine

D’autres enseignes s’appuient également sur des organismes environnementaux. Récemment, plusieurs entreprises de la grande distribution se sont notamment tournées vers les label “Enseigne responsable” et “Commerçant responsable”, du Collectif Génération Responsable. Le collectif évalue ainsi les entreprises selon plusieurs critères “en matière d’environnement, de relations collaborateurs, de relations clients et d’intégration du point de vente à son territoire19. De fait, une centaine de magasins Intermarché ont obtenu le label “Commerçant Responsable”. De leur côté, plusieurs points de vente Casino, Netto, Picard et Nespresso ont reçu le label “Enseigne responsable”.

Labels "Enseigne responsable" et "Commerçant responsable"

5 - Comment développer une transparence sur l’impact environnemental ?

Comme nous avons pu le voir, les acteurs de la grande distribution s’engagent de plus en plus pour valoriser une alimentation durable. Néanmoins, il est important pour les enseignes de communiquer auprès de leurs clients quant à ces initiatives et à leur impact environnemental. Sur leurs sites, les entreprises présentent leurs engagements pour rendre le commerce de détail plus respectueux de la planète. Mais certaines se démarquent particulièrement par leur transparence sur leur empreinte environnementale. C’est notamment le cas de Carrefour qui, depuis juillet 2023, affiche sur son site Drive le volume de CO2 généré par toutes les commandes20. Première mondiale dans le domaine de l’alimentaire, l’entreprise s’appuie sur la base de données Agribalyse de l'Ademe. “A terme, nous aimerions intégrer les kilos de CO2 émis pour chaque article directement au niveau des fiches produits, pour que nos acheteurs puissent faire des choix éclairés lorsqu’ils remplissent leur panier”, assure Carine Kraus, directrice exécutive de l'engagement chez Carrefour. De leur côté, plusieurs marques alimentaires s’engagent également à une meilleure transparence sur l’origine, la production, l’emballage et le transport de leurs produits, à travers l’initiative “Les grandes marques s’engagent”21.

6 - Quelles mesures gouvernementales vont également encourager l’alimentation durable ?

Si les acteurs de la grande distribution se mobilisent pour une alimentation durable, le gouvernement français met également en place des mesures pour l’assurer. Depuis janvier 2017, le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires a notamment fait interdire l’usage des sacs plastiques jetables dans les magasins à travers la loi AGEC. Promulguée en 2020, cette mesure de 130 articles vise à réduire le gaspillage et tendre vers une économie circulaire22. Elle s’inscrit notamment autour de cinq grands axes : sortir du plastique jetable, mieux informer les consommateurs, lutter contre le gaspillage et pour le réemploi solidaire, agir contre l’obsolescence programmée et mieux produire. En 2023, l’un des articles de la loi AGEC mettait fin à l’emploi de la vaisselle jetable dans les établissements pour servir les repas consommés sur place. De même, depuis le 1er août 2023, les tickets de caisse ne sont plus obligatoires dans les surfaces de vente et établissements recevant du public. Aussi, depuis 2021, le gouvernement réalise des expérimentations autour d’un Eco-score, soit un affichage de l’impact environnemental des produits, directement sur leur emballage23. Semblable au Nutri-score, ce système d’évaluation a pour objectif d’encourager les consommateurs à consommer de manière plus responsable et durable. 

Conclusion

Si les enseignes et marques de la grande distribution, ainsi que le gouvernement, s’impliquent de plus en plus pour aider les consommateurs à adopter une alimentation durable, l’urgence climatique est telle que certaines mesures ne semblent pas suffisantes pour pallier l’impact environnemental des entreprises. Par exemple, la loi AGEC accélère la transition environnementale des entreprises vers une économie durable, mais ses objectifs s’étendent sur plusieurs années et l’absence de mesures correctives et d’obligations concrètes en ralentit considérablement les impacts. Dans un article des Echos, Pierre-Yves Pasquier remarque notamment que “70 % des entreprises méconnaissent la loi AGEC qui vise à transformer profondément notre économie linéaire [...] et son application est encore trop peu déployée”24.

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